Le shatta, aussi orthographié shattah ou shatté, est une pâte de piment rouge très populaire dans la cuisine du Moyen-Orient, en particulier en Palestine, Jordanie, Égypte, Syrie, Liban et péninsule Arabique. Il s’agit d’un condiment épicé, intense, au goût piquant et fermenté, généralement préparé maison, à partir de piments rouges frais ou séchés, parfois fermentés, assaisonnés d’ail, sel, huile d’olive et épices.

Utilisée comme accompagnement, trempette, marinade ou épice de finition, la shatta est une composante essentielle de la table levantine — au même titre que le houmous ou le labneh — et incarne l’intensité aromatique de la cuisine populaire et rurale de la région.

Origine et étymologie

  • Mot arabe “shatta” : dérive de la racine “sh-ṭ-ṭ” signifiant “piquant, brûlant, vif”

  • Le mot désigne à la fois :

  • Apparue avec la diffusion du piment chili au Moyen-Orient après le XVIe siècle (suite aux échanges colombiens)

  • Aujourd’hui présente dans presque tous les foyers levantins ou nord-africains

Composition

Ingrédients de base :

  • Piments rouges forts : frais, séchés ou en purée

  • Ail : frais, écrasé

  • Sel : pour la conservation et la fermentation

  • Huile d’olive vierge extra : liant et conservateur naturel

Ingrédients facultatifs (selon région ou famille) :

Méthode de préparation (version traditionnelle palestinienne)

  1. Nettoyage des piments

    • Choisir des piments rouges frais, forts ou modérément piquants (type cayenne, aleppo ou chili rouge)

    • Retirer la queue, laver, égoutter parfaitement

  2. Fermentation (optionnelle mais traditionnelle)

    • Les piments sont hachés finement ou broyés au mortier

    • On ajoute sel et ail écrasé, puis on place le tout dans un bocal hermétique

    • On laisse fermenter à température ambiante pendant 3 à 7 jours, jusqu’à développement d’un arôme acide et piquant

    • Il est possible de sauter cette étape pour une shatta “express

  3. Mise en pot

    • Après fermentation (ou non), on ajoute huile d’olive pour couvrir complètement

    • On peut aussi incorporer cumin, jus de citron, ou vinaigre blanc pour rehausser le goût

    • La pâte se conserve au frais pendant plusieurs semaines, et gagne en profondeur avec le temps

Texture, goût et arôme

  • Couleur : rouge vif à brun rouge, selon maturité et fermentation

  • Texture : pâteuse, granuleuse ou lisse (selon broyage)

  • Saveur :

Usages culinaires

Accompagnement

En cuisine

  • Marinades pour viandes grillées, poisson, ou poulet rôti

  • Dans les ragouts (yakhnet) ou plats mijotés

  • Mélangée à des sauces tomate ou du yaourt

En tartinade

Voici une description détaillée des accords culinaires du shatta avec les plats typiques du Levant, mettant en valeur la complémentarité des textures, des saveurs et des intensités aromatiques. Le shatta est un condiment profondément intégré à la table levantine : il accompagne les plats du quotidien, exalte les mezzés, et relève les plats mijotés ou grillés. Son pouvoir transformateur repose sur la vivacité du piment, l’onctuosité de l’huile, et l’arôme de l’ail ou des épices.

🧄 1. Mezzé froids : légumineuses, tartinades et fromages

Plat Accords avec le shatta
Houmous (purée de pois chiches au tahini) Une cuillère de shatta rouge ou verte au centre : apporte chaleur et profondeur, réveille les notes de sésame
Labneh (fromage frais égoutté) Shatta versé en filet avec huile d’olive et zaatar : contraste crémeux/pimenté très équilibré
Foul moudammas (fèves mijotées) Indispensable : mélangé directement dans l’assiette avec citron, ail et huile
Baba ghanoush (purée d’aubergines fumées) Quelques touches de shatta en surface ou en mélange : accentue le goût fumé et le fondant de l’aubergine
Fromage akkawi ou halloumi Shatta en accompagnement, surtout avec halloumi grillé, pour couper le gras et dynamiser la texture

🫓 2. Pain, galettes et sandwichs

Plat Accords avec le shatta
Manakish au zaatar Badigeonner la pâte avec du shatta avant cuisson pour un effet épicé subtil
Pita farcie au falafel Mélangé au tahini ou directement dans le pain, pour intensifier les saveurs végétales
Arayes (pains garnis de viande épicée) Shatta servie à côté ou en tartinade avant cuisson pour booster la chaleur
Sambousek au fromage ou à la viande Trempés dans une shatta citronnée : contraste croustillant/épicé irrésistible

🍆 3. Plats cuisinés à base de légumes

Plat Accords avec le shatta
Maghmour (ratatouille libanaise) Une pointe de shatta dans la sauce tomate avant mijotage : équilibre l’acidité et renforce les arômes
Bamieh bil zeit (gombo à la tomate) Shatta intégrée à l’huile d’olive pour parfumer le plat en profondeur
Mloukhieh (feuilles de corète mijotées) Shatta ajoutée à table avec citron : contrebalance la texture mucilagineuse

🍖 4. Viandes et grillades

Plat Accords avec le shatta
Kebab ou kefta grillés Shatta comme condiment principal avec yaourt ou tahini : relève les épices du mélange de viande
Poulet rôti à l’ail (musahab) Marinade de shatta, ail, citron, huile d’olive avant cuisson : donne une peau dorée et épicée
Maqlouba (riz renversé aux légumes et viande) Shatta en accompagnement dans l’assiette pour apporter piquant et fraîcheur

🐟 5. Poissons et fruits de mer

Plat Accords avec le shatta
Sayadieh (riz au poisson épicé) Une shatta douce (avec un peu de tomate) intégrée à la sauce ou servie à part
Crevettes grillées ou calamars frits Shatta citronnée, très ailée, comme sauce d’accompagnement
Poisson au four (samak mashwi) Shatta incorporée à la chermoula ou badigeonnée sur la peau avant cuisson

🥚 6. Petits-déjeuners et plats simples

Plat Accords avec le shatta
Œufs au plat ou shakshouka Shatta intégrée dans la sauce tomate ou servie sur les œufs en finition
Zaatar et labneh avec pain Shatta dans l’huile d’olive, pour y tremper le pain avant d’y poser le zaatar
Pommes de terre frites ou rôties Mélangées à de la shatta pour une version express de batata harra (pommes de terre piquantes à la libanaise)

🍽️ En résumé :

Élément du repas Type de shatta recommandé
Mezzé, salades froides Shatta crue, citronnée, modérée en ail
Plats mijotés Shatta fermentée, incorporée à la cuisson
Grillades et sandwichs Shatta aillée et huileuse, très piquante
Fromages, œufs, pains Shatta douce ou modérée, mélangée à du labneh ou du tahini
Fruits de mer Shatta acide, à l’ail et citron, légèrement herbacée

Valeurs nutritionnelles (par cuillère à soupe ~15 g)

  • Calories : ~30–50 kcal

  • Lipides : 3–5 g (principalement huile d’olive)

  • Glucides : 2–3 g

  • Protéines : ~0,5 g

  • Fibres : ~0,5–1 g

  • Vitamines :

    • Vitamine C (piment cru)

    • Provitamine A (bêta-carotène)

  • Minéraux : potassium, fer (traces)

  • Capsaïcine : antioxydant, stimulant digestif, thermogénique

Variantes régionales notables

Région Particularité
Palestine – Gaza, Hébron Fermentée plusieurs jours, piments forts hachés à la main, ail abondant
Égypte Version plus douce, souvent avec vinaigre, cumin et parfois tomate
Jordanie Similaire à celle de Palestine, huile abondante, souvent citronnée
Liban / Syrie Moins fermentée, parfois plus lisse, avec paprika doux
Péninsule arabique (Hijaz) Plus sèche, très pimentée, utilisée dans les riz et les viandes
Diaspora Variantes influencées par le harissa, le sambal, ou la sauce sriracha

Symbolisme culturel

  • Condiment de la terre : fait à la main, dans les foyers, souvent en grandes quantités après la saison des piments (automne)

  • Symbole de résistance et de fierté culinaire en Palestine et Jordanie

  • Présent dans chaque foyer rural levantin comme la harissa au Maghreb

  • Intimement lié à la transmission familiale : chaque grand-mère a “sa” shatta

  • Parfois offert dans des mariages ou fêtes en pot, comme symbole de chaleur et de vitalité

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