Ascophyllum nodosum, aussi dite Goémon noir, algue noueuse, robert, favach (en breton) et dont le nom est parfois francisé au Québec en Ascophylle noueuse, est une espèce d’algues de la classe des Phaeophyceae.
C’est la seule représentante, actuellement reconnue, du genre Ascophyllum, dans la famille des Fucaceae.
Cette algue brune en forme de « corde à nœuds » peut atteindre plus de 1,50 m de longueur. Elle est commune le long des côtes rocheuses de l’Atlantique nord, où elle forme des colonies denses dans la zone de balancement des marées.
C’est une des principales espèces d’algues collectées par les goémoniers comme source d’engrais agricole. Elle est aussi récoltée pour l’extraction d’alginates ou la préparation de composants alimentaires. Elle est, comme d’autres fucacées, en voie de régression, pour des raisons encore mal comprises.
Description morphologique
Bien que faisant partie des algues brunes, Ascophyllum nodosum présente une couleur générale plutôt vert-olive, vert-jaunâtre ou brun-jaunâtre. Cependant lorsque les thalles se déshydratent, l’oxydation des pigments polyphénoliques provoque le noircissement de l’algue, qui est ainsi connue comme le « goémon noir ».
L’algue est fixée au substrat par un crampon étroit. Le thalle, qui peut mesurer jusqu’à 150 cm de longueur et jusqu’à 3 m dans les provinces maritimes atlantiques du Canada, est constitué de longues lanières lisses, ramifiées, étroites et aplaties, qui présentent à intervalles assez réguliers des renflements, qui ont valu à cette algue le qualificatif de « noueuse ». Ces « nœuds », situés dans l’épaisseur du thalle, sont des aérocystes emplis de gaz qui jouent le rôle de flotteurs. Latéralement apparaissent de courtes ramifications fines qui évoluent en réceptacles portant les conceptacles où se prépare la reproduction sexuée.
Ascophyllum nodosum peut cependant présenter d’importantes variations de forme. Certaines sont manifestement liées à la variabilité génétique de l’espèce. D’autres sont induites par les conditions d’habitat: il existe en particulier des populations flottantes représentées par la forme mackayi (que l’on trouve par exemple dans les fonds abrités des lochs écossais) et par la forme scorpioides (que l’on trouve surtout dans les marais salés nord-américains en association avec Spartina alterniflora). Ces formes présentent de nombreuses ramifications latérales, minces et cylindriques et une raréfaction des flotteurs et des réceptacles. Elles diffèrent tant d’aspect de la population d’origine dont elles se sont détachées qu’elles ont pu être autrefois considérées comme des espèces voire des genres distincts.
Utilisation
Ascophyllum nodosum est récoltée comme engrais, comme ressource alimentaire pour le bétail ou comme matière première pour l’extraction d’alginates. C’est en importance de la biomasse, la principale espèce représentative du « goémon de rive » (ou « goémon d’attache ») qui est coupé à pied à marée basse ou avec des machines spécialisées. La récolte est dans la plupart des pays et de longue date réglementée. En Bretagne, l’arrêté préfectoral relatif à l’exploitation durable des goémons de rives interdit l’arrachage de Ascophyllum nodosum et impose une coupe à hauteur minimale de 30 cm.
Traditionnellement, l’engraissage des champs se fait par simple épandage d’algues préalablement séchées et éventuellement mélangées à du fumier. La coupe est organisée au printemps (avril-mai) et l’épandage est réalisé en automne après les récoltes agricoles. L’intérêt comme engrais est lié à la haute teneur en macro-éléments, (tels que les éléments N, P, K, Ca, Mg, S) et oligo-éléments (par exemple Mn, Cu, Fe, Zn, etc.) On trouve aussi des phytohormones telles que bétaïne, cytokinine, auxine et gibbérelline (stimulateurs de croissance), du mannitol, des acides organiques, polysaccharides, acides aminés, et protéines, toutes bénéfiques à l’agriculture.
L’utilisation comme aliment du bétail est manifestement ancienne. Les noms utilisés en Norvège, où l’espèce est abondante, en attestent : grisetang (de grise, le porc et de tang, pour les algues de type Fucus ) ou hesttang (de hest, le cheval). La consommation humaine directe est rare, elle est signalée chez certains Inuits du Groenland, comme complément diététique.
Cependant, c’est l’utilisation comme source d’alginates qui est aujourd’hui prédominante. Les récoltes auraient ainsi été de plus de 80 000 tonnes en masse humide pour l’Europe dans les années 1995-1996 et de 5 000 à 6 000 tonnes pour le Canada en moyenne au cours des années 1970-1980.
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